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Women and the ‘Rose’: reading the ‘Roman de la rose in the querelle des femmes

Women and the ‘Rose’: reading the ‘Roman de la rose in the querelle des femmes (Helen Swift, St. Hilda’s College, Oxford University)

Une des caractéristiques les plus constantes et les plus significatives des plaidoyers littéraires de femmes composés entre 1440 et 1538 est leur engagement contre la partie du Roman de la rose écrite par Jean de Meun afin d’exprimer leur opposition à la misogynie présumée de l’auteur, sa sexualité obscène et son utilisation immorale de la langue. Dans ces engagements variés et imaginatifs, on trouve sans doute l’activité littéraire la plus dynamique de la querelle, des écrits juridiques fictifs mettant en scène le procès de Jean de Meun lui-même (souvent accompagné de son homologue supposé misogyne, Matheolus), à des réfutations point par point des arguments de la Rose, en passant par des transformations inventives de personnages et d’épisodes de la Rose qui cherchent à racheter sa poétique déchue. Les plaidoyers littéraires en question semblent presque obsédés par la Rose créant ainsi une relation double intrigante : afin d’être en mesure de rejeter la Rose ou de réfuter ses arguments, chaque plaidoyer doit tout d’abord reconnaître un certain engagement avec l’œuvre, que ce soit en mettant en scène un personnage qui joue avec les mots du misogame Mari Jaloux ou que cela nécessite une réécriture de la conclusion controversée de la Rose. On ne peut transformer le chef d’œuvre de Jean de Meun sans d’abord le répéter, reconnaissant ainsi une dette littéraire à ses structures.

Genevieve

Les manœuvres herméneutiques complexes que ces différents engagements impliquent sont pour le moment peu appréciées car les plaidoyers eux-mêmes ne sont disponibles que dans des ouvrages individuels (comme l’édition bienvenue de Robert Deschaux du Champion des dames de Martin Le Franc) ou ne sont pas encore disponibles en édition moderne (comme La Forest de tristesse de Jacques Milet ou Le Giroufflier aulx dames d’auteur anonyme). Le projet en cours cherche à y remédier en regroupant dans une anthologie critique un corpus de plaidoyers particulièrement obsédés par la Rose, permettant ainsi au lecteur de faire des comparaisons entre les textes, et traitant de questions telles que la manière dont certains auteurs s’adressent à Jean de Meun ‘en personne,’ dont la liste des personnages allégoriques est revue et corrigée, la manière dont des moments cruciaux du conte sont examinés et/ou adaptés pour répondre à un nouveau discours, dont certains textes clefs sont répétés et la manière dont le cadre narratif de la Rose est transformé.

Cette anthologie, intitulée à titre provisoire Les Femmes et la ‘Rose’, XV-XVI siècles et destinée à être publiée sur papier, s’appuie sur un travail de critique littéraire entrepris pour mon livre sur la querelle plus large, et pas seulement sur ses interactions avec la Rose : Gender, Writing, and Performance: Men Defending Women in Late Medieval France (1440-1538) (Oxford: OUP, 2008). L’anthologie présentera une large sélection de plaidoyers, mais n’inclura pas d’extraits du Roman de la Rose lui-même. MARGOT permettra aux extraits pertinents de la Rose d’être lus en parallèle avec l’anthologie afin que les subtilités des liens intertextuels des plaidoyers puissent être appréciées et explorées dans toute leur étendue.

Ce projet peut être vu comme une étude indépendante de la réception de la Rose dans un contexte spécifique, mais peut aussi, de façon plus fructueuse, être Étudié conjointement avec le projet de Christine McWebb, Debating the ‘Roman de la rose,’ de trois manières principales :

  • Chronologiquement, il s’agit de la continuation de l’éventail d’auteurs examinés dans l’anthologie de McWebb. Ensemble les deux projets soulignent la variété du débat intellectuel et littéraire stimulé par la Rose à travers la fin de l’époque médiévale (de la fin du quatorzième au début du seizième siècle). L’anthologie de Swift reprend intentionnellement après l’époque de Christine de Pizan, période au cours de laquelle ce sont principalement des hommes qui écrivent pour défendre les femmes. Ces hommes ont été relativement négligés par la critique moderne du fait de l’existence de Christine, une femme défendant les femmes.
  • D’un point de vue critique, les deux projets facilitent une lecture comparative fascinante des préoccupations de différents écrivains dans leurs relations avec la Rose. Grâce à un système de balisage des extraits en relation avec chaque projet, il sera possible de comparer les sections de la Rose traitées par différents auteurs et les références dans les anthologies révéleront les nombreuses façons dont les extraits partagés sont traités, les contextes dans lesquels ils s’inscrivent, etc.
  • D’un point de vue iconographique, le fait que les deux projets couvrent une vaste période permettra de retracer les tendances des illustrations de la Rose du manuscrit aux éditions imprimées. Le texte électronique des extraits sera ponctué d’images illustrant chaque section controversée. Les images seront choisies dans toute la période, des premiers manuscrits illustrés à l’édition imprimée la plus ancienne de la Rose de 1538.
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